"Genre et travail social, l’impensé à repenser"
L’entretien de Véronique Bayer, sociologue et directrice de l’IRFASE, publié dans Union Sociale (Août-Septembre 2024) met en lumière la persistance des stéréotypes de genre dans le travail social, un secteur majoritairement féminin mais toujours marqué par des inégalités profondes.
Bien que les femmes soient surreprésentées dans ces métiers, leurs compétences sont souvent réduites à des qualités dites « naturelles » telles que la douceur et l’empathie, tandis que les hommes, perçus comme détenant une autorité naturelle accèdent plus facilement aux rôles de direction. Ce phénomène renforce une division sexuée du travail, profondément ancrée dans les représentations sociales.
L’effet « ascenseur de verre » observé par l’autrice dans le secteur social et médico-social favorise les hommes dans un environnement majoritairement féminin. La faible présence d’hommes favorise leur accès à des postes de pouvoir, à parcours égal, les femmes se voient souvent freinées dans leur ascension professionnelle.
La question de la valorisation des métiers du social demeure cruciale. Faiblesse des salaires, conditions de travail difficiles et dépréciation symbolique témoignent du mépris pour ces professions essentielles. Le travail social, témoignant de la capacité de nos sociétés à développer de la solidarité et l’humanité, reste trop souvent sous-estimé, et les professionnelles sont souvent invisibilisées alors que ces fonctions participent à la cohésion sociale.
Le propos de l’entretien appelle donc à une refonte des analyses et des pratiques. Un changement de paradigme s’avère nécessaire afin de mettre en lumière les missions des travailleuses et travailleurs sociaux et de déconstruire les stéréotypes de genre qui les traversent. Revaloriser ces professions passe aussi par la reconnaissance des femmes à ces postes essentiels.