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Journée d’étude de l’IRFASE sur Travail social, travail sensible – Lundi 17 avril 2023

Journée d'étude sur le thème du sensible dans le travail social

La journée d’études sur le thème “travail social, travail sensible” a réuni lundi 17 avril 4 filières d’étudiant·es de l’IRFASE : Éducateur de Jeunes Enfants (EJE), Assistant de Service Social (ASS), Moniteur Éducateur (ME) et Éducateur Spécialisé (ES).

La matinée s’est tenue dans l’amphithéâtre d’École départementale d’incendie et de secours (EDIS) de Fleury Mérogis.
Elle s’est ouverte avec une intervention d’Annick Dorleans traitant du thème du sensible et du droit. Si le droit privilégie la raison sans l’émotion, la raison n’est pas sans comporter des émotions. Deux arrêts récents de la Cour de cassation en droit du travail ont été motivés par une reconnaissance d’un ressenti d’une souffrance collective au travail. L’émotion est un fait, source de droit. Les travailleurs sociaux disposent d’un droit à ressentir des émotions dans l’accompagnement des personnes mais en gardant une juste place.
La Cour d’assises est un véritable “théâtre” des émotions où s’exprime un drame social et une cérémonie de la parole. Les règles de procédure garantissent l’objectivité et l’impartialité des juges. Le droit est un régulateur et certains magistrats sont confrontés plus que d’autres aux émotions (juge des enfants, juge d’instruction, juge d’application des peines.) Enfin, il conviendrait d’intégrer une formation aux émotions dans les études et théories du droit, comme dans les pays de Common Law.
Par la suite sont intervenus, dans un échange dynamique et participatif, Johnny Grichtchouk et Arnaud Thomas.
À partir d’une approche pluridisciplinaire des émotions, on s’interroge sur la manière dont les interactions sociales influencent la part du sensible de chacun·e, et inversement. Dans le cas des travailleurs sociaux, l’émotion s’inscrit comme une compétence clé du travail social, qui ne saurait être exercé sans empathie, communication, ni remise en question.
Entre raison et émotion, il n’est alors plus question de choisir dans cet antagonisme qui s’impose pourtant culturellement depuis l’Antiquité. Des penseurs tels que Sartre et Foucault, de même que des scientifiques comme Damasio, démontrent que les deux sont intrinsèquement liées.

À partir du jeu rendu possible par les médiations théâtrales et poétiques, on peut expérimenter différents sois et questionner les projections que l’on fait sur autrui. S’emparer de son sensible permet de prendre la main sur son être et de devenir la personne que l’on a envie d’être, celle qui accompagnera l’autre.

Partant du postulat de Spinoza qui stipule, à l’inverse de Descartes, que vivre, c’est désirer, on avance l’idée que le sensible ne constitue pas une partie du travail social, mais la condition même de son exercice. Par ailleurs, le rapport au sensible sous-tend un désir de transformation de soi, mais aussi de l’autre. On peut ainsi écrire “conjuguer, accompagner et affecter ». L’affect n’est pas compris comme “tu es affectif”, mais dans le sens de « tu es affecté par et changé par”. Il s’agit d’affecter pour transformer l’autre, c’est à dire générer du désir et donc, de l’émotion. Par conséquent, si la médiation se définit comme la rencontre, alors il n’y a pas de place à la prise en charge, mais place aux prises en compte.

Pour prolonger ces réflexions et partages d’expérience entre étudiant·es et intervenant·es, 8 ateliers avaient été organisés dans les locaux de l’IRFASE avec, en leur cœur, le travail de l’expression corporelle et artistique.

Au programme pour clôturer cette belle journée : capoeira, danse, théâtre, poésie, musique.

Nous remercions toutes les personnes ayant participé à la programmation et le déploiement de cette journée d’étude.

Revoir la journée en vidéo !

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